16/01/2007
La négociation sur la pénibilité au travail, en particulier la retraite anticipée pour les salariés ayant occupé des postes très éprouvants, est au point mort depuis la semaine dernière. Le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, a souligné, mardi 16 janvier, sur France Info, que les accidents du travail et les maladies professionnelles causaient chaque année davantage de morts que les accidents de la route, appelant à faire de la pénibilité au travail une "cause nationale".
Pour sensibiliser les salariés sur ce thème, la centrale syndicale organise mardi une journée nationale de mobilisation pour relancer les négociations sur la pénibilité au travail. Ces négociations étaient un corollaire de la loi Fillon de 2003 sur les retraites, qui, tout en durcissant les conditions de départ à la retraite, voulait mieux prendre en compte le cas particulier des salariés usés par un emploi particulièrement pénible. Mais le dossier a démarré avec un an et demi de retard, et aucune réunion n'a eu lieu depuis mars 2006. "L'Etat a fait preuve de laxisme en donnant un délai de trois ans pour ce processus de négociation, et il n'a pas donné de repères", critique la CFDT.
La négociation qui a échoué prévoyait la relance et le financement d'un système de départ à la retraite anticipé pour les salariés ayant effectué un travail pénible (travail de nuit, travail à la chaîne, port de charges lourdes, exposition au bruit ou aux produits toxiques). Il ne s'agirait pas d'un retour aux préretraites mais de compenser, dans un souci d'équité, l'espérance de vie moins longue des ouvriers et employés les plus exposés. Si l'ensemble des partenaires sociaux est d'accord pour faire davantage de prévention, et limiter ainsi "l'usure" des salariés, le patronat refuse, lui, d'aborder l'éventualité d'une cotisation supplémentaire.
La CGT ne croit pratiquement plus à une réouverture de la négociation. "On est obligé de faire un constat d'échec", a estimé Jean-Christophe Le Duigou, secrétaire confédéral. "La crédibilité de la réouverture d'une négociation est à peu près à zéro et si la CFDT le souhaite, nous sommes prêts à faire un courrier commun au gouvernement", a ajouté M. Le Duigou, en rappelant que "les pouvoirs publics s'étaient clairement engagés" dans ce dossier et qu'il y avait une "réelle préoccupation des salariés".
Selon une récente étude du ministère de l'emploi, la pénibilité physique du travail a globalement diminué ces dernières années, mais elle est en augmentation chez les ouvriers, même les plus qualifiés. L'écart d'espérance de vie est de cinq ans entre un cadre et un ouvrier de 60 ans. Quant aux effets de la pénibilité (invalidité, arrêts longue maladie, dispenses de recherche d'emploi, etc.), ils coûteraient déjà "entre 5 et 8 milliards d'euros chaque année", souligne pour sa part la CFDT.
Source : Le Monde, 16 janvier 2007
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