10/12/2007
Le travail posté de nuit qui concerne environ 20 % des travailleurs des pays développés (Europe, Etats-Unis) est classé comme "probablement cancérogène" par le Centre international de recherche sur le cancer (IARC/CIRC).
"Le travail de nuit posté, c'est-à-dire avec des alternances irrégulières de période travail jour-nuit (type"3-8") ou bien sur une semaine avec repos le week-end passé en famille par exemple, qui perturbe l'horloge biologique, se retrouve ainsi dans la même catégorie que d'autres cancérogènes "probables" comme les émanations des moteurs diesel ou d'autres substances (les "PCB" parfois surnommés pyralènes en Europe, le trichloréthylène, certains pesticides...) ou encore les rayons ultra-violets, le plomb des peintures anciennes, et des vieux tuyaux d'eau", explique à l' AFP Vincent Cogliano, épidémiologiste du CIRC. L'agence spécialisée de l'OMS pour le cancer, basée à Lyon (France) publie ses travaux, résultat d'une évaluation des études déjà publiées, dans le numéro de décembre de la revue médicale britannique The Lancet Oncology.
Le travail posté de nuit, sur une longue période, augmenterait ainsi le risque de cancer du sein chez les infirmières et les hôtesses de l'air comparé à celui observé chez celles qui travaillent de jour : "cependant cette augmentation est inférieure à un doublement du risque, c'est donc un risque réel mais que les épidémiologistes qualifient de modeste", commente Vincent Cogliano.
Les études chez ces femmes sont cohérentes avec les études sur les animaux qui démontrent que la lumière constante ou tamisée la nuit ou des décalages horaires chroniques ("jet lag") peuvent favoriser la survenue de tumeurs. D'après les experts, le travail de nuit pourrait ainsi être dangereux du fait de son action sur les rythmes circadiens, qui règle notre organisme sur l'alternance jour/nuit sur environ 24h. La lumière interrompt la production d'une hormone, la mélatonine, normalement fabriquée par le corps la nuit. Cette suppression de la mélatonine favoriserait le développement des tumeurs et l'altération du rythme veille-sommeil pourrait déréguler des gènes impliqués dans le développement de tumeurs. Par ailleurs, on sait que chez les humains, la privation de sommeil et la suppression de la mélatonine qui s'ensuit, conduit à une baisse des défenses immunitaires.
Cependant, relève le Dr Cogliano, des biais d'interprétation ne peuvent être totalement écartés, comme par exemple l'influence des rayons cosmiques chez le personnel navigant de l'aviation. Et, ajoute-t-il "l'on manque de données concernant le travail masculin de nuit par exemple chez les chauffeurs de taxis, camions etc." En outre, certaines observations chez les pilotes de ligne comme l'augmentation du cancer de la prostate pourraient être liées à une meilleure surveillance de leur santé, poursuit-il.
"C'est pourquoi des études complémentaires sont nécessaires pour examiner ce risque potentiel dans d'autres professions et pour d'autres cancers et notamment chez les hommes", résume-t-on au CIRC.
Source : AFP
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