28/09/2007
"Convergence". C’est le nom du programme d’efficacité industrielle mis en place dans les usines du groupe automobile PSA Peugeot Citroën, pour améliorer la productivité et réduire les coûts. A partir de 2006, ce plan a progressivement touché le centre de production de Mulhouse (Haut-Rhin), récemment frappé par une vague de suicides qui a emporté cinq salariés, dont deux ont mis fin à leurs jours sur leur lieu de travail. Convergence a introduit sur le site de nouvelles organisations du travail (baptisées "Hoshin", "Apolo et "Apoqua"…), fortement inspirées du toyotisme.
"Au premier trimestre 2007, quand on a vu ces changements, nous avons décidé de lancer une enquête sur les conditions de travail", raconte Robert Calvet, animateur syndical de la CFDT. Environ 4.000 questionnaires ont été distribués et 859 réponses sont parvenues au syndicat. Résultat : 63 % des personnes interrogées estiment que le travail est devenu plus pénible, un chiffre qui grimpe de cinq points chez les salariés concernés par les nouvelles organisations du travail.
"Pour la direction générale, ce plan est présenté comme une amélioration des conditions de travail et une nécessité absolue face à la concurrence. Les résultats en disent long sur les écarts entre les discours de nos managers et la réalité vécue !" affirme Robert Calvet. Hier, le porte-parole de la direction de l’usine refusait de commenter cette étude, au motif qu’il n’en a pas eu connaissance.
"Le matériel à porter est moins lourd, mais rester sept heures debout sans possibilité de s’asseoir, c’est inadmissible !" témoigne une ouvrière du montage. "Le stress et les responsabilités augmentent, confie un ouvrier professionnel de l’emboutissage. On n’a pas le temps de faire notre travail aussi bien qu’on le voudrait." Un cadre : "Avec le plan Convergence, notre travail est devenu plus pénible, plus stressant, la pression sur le respect des délais de plus en plus forte."
Les salariés ne se plaignent pas des horaires. Par contre, sur la question des rythmes, 93 % d’entre eux fixent le curseur au moins au niveau 3, sur une échelle de 1 à 5. Le stress ? Il est "supérieur à la moyenne pour 79 % des agents de production, 87 % des ouvriers professionnels, 92 % des Etam et 95 % des cadres", selon la CFDT, dont l’enquête conclut que "des troubles du sommeil importants apparaissent chez 33 % des salariés" et que 70 % d’entre eux "peuvent être rendus irritables" à cause du travail.
Les "facteurs de pénibilité" prioritairement avancés par les salariés concernés par les nouvelles organisations sont les charges de travail (54 %) et les "effectifs réduits" (30 %). Sur le site PSA de Mulhouse, qui emploie un peu plus de 10 000 personnes, 450 contrats d’intérim ont pris fin, du fait d’une baisse de production de la Citroën C4. La CFDT ne conteste pas que les nouvelles méthodes font disparaître les postes les plus lourds. "Mais on standardise le travail en supprimant aussi des postes légers, on est très inquiets pour les personnes à capacités restreintes", note Robert Calvet.
Source : Libération
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