11/12/2006
Le syndicat FGTB s'inquiète de la multiplication des décès par cancer parmi les anciens ouvriers de deux unités de production d'un site du groupe chimique belge Solvay, situé à Jemeppe-sur-Sambre, une petite ville située entre Namur et Charleroi (Sud du pays).
Sur les 70 ouvriers ayant travaillé dans deux salles de production de chlore et de soude caustique par le procédé d'électrolyse à mercure, 21 sont morts d'un cancer et d'autres souffrent de troubles rénaux graves et de déchaussement dentaire.
Les analyses d'urine de trois ouvriers ayant déposé un dossier pour reconnaissance en maladie professionnelle ont révélé des taux de concentration de mercure de deux à quatre fois supérieurs à la norme professionnelle belge.
Le mercure est une substance particulièrement toxique pour les reins et le cerveau. En Belgique, l'intoxication au mercure fait partie des maladies professionnelles depuis 1927.
Faute d'étude épidémiologique d'envergure, le lien entre cancer et exposition aux vapeurs de mercure n'a jusqu'à présent pas pu être établi. Pour la FGTB, l'accès à la totalité des analyses urinaires pratiquées sur les travailleurs qui sont passés par les deux unités d'électrolyse à mercure permettrait de faire avancer les investigations. Ces dossiers sont conservés par Solvay et ne peuvent être communiqués à l'extérieur pour des raisons de respect du secret médical.
Le processus de production recourant au mercure a été progressivement abandonné par Solvay. En 1992, une première unité était fermée. Neuf ans plus tard, c'était au tour de la seconde salle de connaître ce sort. Au cours des années qui ont précédé cette fermeture, l'entretien de l'outil destiné à disparaître a été très négligé, selon les travailleurs. Les fuites de mercure, causées par l'usure des joints et des caissons, y auraient été de plus en plus fréquentes.
"Le mercure était partout dans les salles, ne serait-ce qu'avec les émanations de vapeurs. Il y en avait aussi par terre, on marchait dedans et on traînait ça partout. Même dans le réfectoire à côté, où on mangeait", a déclaré un ancien ouvrier à la presse locale.
Les ouvriers, qui témoignent sous couvert de l'anonymat, dénoncent l'attitude de Solvay qui n'aurait pas suffisamment pris le problème au sérieux. Les ouvriers dont les analyses d'urine présentaient de trop haut taux de concentration de mercure étaient déplacés vers d'autres services en attendant que ces taux baissent. Une mesure ponctuelle négligeant les conséquences sanitaires à long terme d'une exposition répétée au mercure. Cette mince mesure de prévention n'était d'ailleurs appliquée que chez les travailleurs présentant des taux de concentration exceptionnellement élevés, si l'on en croit les travailleurs.
"On pouvait très bien rester avec un taux de 200, parce que changer de poste un homme rôdé par un autre, c'était perdre du rendement", témoigne un ancien ouvrier.
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