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REACH : un compromis qui suscite peu d'enthousiasme
4/12/2006
L'accord conclu le 30 novembre dernier entre les représentants du Parlement européen et des gouvernements des Vingt-Cinq a suscité des réactions en sens divers. L'enthousiasme n'était guère de mise dans la plupart des groupes politiques du PE, y compris au sein de ceux qui ont été les plus étroitement associés au compromis.
"Comme avec tous les compromis, il y des points positifs et des points moins positifs", a déclaré le négociateur socialiste, l'Italien Guido Sacconi, en reconnaissant que son institution avait dû mettre de l'eau dans son vin pour trouver un terrain d'entente avec les gouvernements, essentiellement sur l'obligation de substitution des produits les plus dangereux.
L'accueil du côté du groupe libéral est également fort mitigé. Le député britannique Chris Davies a dénoncé le "gorille allemand" qui a fait feu de tout bois pour éviter des contrôles trop coûteux, et l'absence de la Commission européenne dans le débat en raison des féroces divisions entre les responsables de l'environnement et ceux de l'industrie. "Ils ont été silencieux plutôt que d'exprimer leurs divergences", a-t-il déploré lors d'une conférence de presse. Le député libéral a cependant refusé la politique du pire qui aurait consisté selon lui à préférer l'absence d'accord.
La porte-parole du Parti populaire européen (PPE), Ria Oomen-Ruijten, était manifestement la plus convaincue par l'accord. Selon la députée conservatrice néerlandaise, l'accord permettra de rendre la législation moins bureaucratique, de permettre une meilleure protection d'informations commerciales confidentielles et de réduire des tests qu'elle qualifie d'inutiles.
Par contre, les défenseurs de l'environnement ne décollèrent pas. "Le Parlement capitule devant le lobbying intense de l'industrie chimique allemande", affirme le groupe des Verts dans un communiqué de presse.
La Gauche unitaire européenne (GUE/NGL) est encore plus sévère, considérant que leurs collègues socialistes et conservateurs "ont conclu un marché avec les grandes entreprises".
Greenpeace estime aussi que la vision de l'industrie chimique est ainsi totalement confortée, en dépit d'enjeux sanitaires cruciaux. "S'il est adopté en séance plénière, l'accord négocié permettra à beaucoup de substances chimiques préoccupantes (dont certaines provoquent différents cancers, des malformations congénitales et d'autres maladies graves) de rester sur le marché et d'être utilisées dans la fabrication de produits de consommation. Et ce, même s'il existe des alternatives plus sûres", déclare l'ONG dans un communiqué de presse.
Du côté syndical on estime que les intérêts des travailleurs n'ont pas été suffisamment pris en considération. La Confédération européenne des syndicates (CES) regrette notamment le fait que le rapport sur la sécurité chimique ne sera rendu obligatoire qu'à partir d'un volume de production de 10 tonnes par an. "Les travailleurs exposés aux 20.000 substances produites entre 1 et 10 tonnes n'auront donc pas accès à des informations essentielles pour leur protection", a-t-elle réagi.