21/11/2006
Les premiers résultats de l'enquête européenne sur les conditions de travail ont été présentés le 7 novembre dernier à Bruxelles par le directeur et des experts de la Fondation de Dublin pour l'amélioration des conditions de vie et de travail. Selon l'enquête, menée fin 2005 auprès de 30.000 travailleurs issus de l'Union européenne ainsi que de Bulgarie, Roumanie, Croatie, Turquie, Suisse et Norvège, 80 % des travailleurs européens sont "satisfaits" ou "très satisfaits" de leurs conditions de travail. Et pourtant, 35 % des travailleurs interviewés ont déclaré que le travail affecte leur santé.
Depuis 1991, l'exposition effective aux risques professionnels semble rester relativement stable ou en légère augmentation. L'enquête de la Fondation de Dublin a cependant permis d'établir que l'intensification du travail est en forte augmentation avec un nombre de plus en plus important de travailleurs soumis à des cadences élevées et à des délais serrés. Ainsi, 46 % des travailleurs européens doivent travailler à des cadences très élevées pendant au moins trois-quart de leur temps de travail. Cela représente une augmentation de 11 % par rapport à l'enquête menée en 1990. Cette augmentation de l'intensité du travail est plus élevée parmi les cols bleus hautement qualifiés.
Les rythmes de travail constituent également un sujet de préoccupation. L'enquête de la Fondation de Dublin révèle que le rythme de travail est influencé par des facteurs sur lesquels le travailleur n'a pas de contrôle. Pour quelque 90 % des personnes employées dans le secteur des services, le rythme de travail est déterminé par les demandes directes de tiers. Dans le secteur de la construction, plus de 60 % des travailleurs sont soumis à des rythmes de travail imposés par des collègues et dans le secteur de l'industrie manufacturière et des mines, le rythme de travail est déterminé par la machine pour quatre employés sur dix.
Si l'on examine des facteurs tels que la faculté des travailleurs à choisir l'ordre dans lequel ils doivent remplir leurs tâches, leur vitesse de travail ou les méthodes de travail, l'enquête met en évidence que le niveau d'autonomie au travail varie selon le niveau de formation. Il n'est pas surprenant de constater que les cols blancs hautement qualifiés disposent de l'autonomie la plus large dans leur travail.
L'enquête passe également en revue l'exposition des travailleurs aux risques physiques majeurs. Les mouvements répétitifs de la main et du bras constituent le risque physique le plus souvent cité, avec 62 % des travailleurs européens qui déclarent y être exposés au moins pendant un quart de leur temps de travail. Ce chiffre représente une augmentation de 4 % par rapport à l'enquête menée en 2000. Les travailleurs mentionnent, en seconde place, les postures douloureuses et fatigantes : 50 % des travailleurs y sont exposés au moins pendant un quart de leur temps de travail. Près d'un tiers de la population active européenne déclare souffrir du mal de dos, de douleurs musculaires et du stress.
Les travailleurs ont également été interviewés sur leur exposition à de "nouveaux risques" tels que la violence et le harcèlement sur leur lieu de travail. Les données recueillies montrent que la manière dont les travailleurs perçoivent ce risque varie selon l'environnement culturel dans lequel ils vivent. En général, l'exposition à la violence ou à des menaces de violence est plus élevé dans les pays du nord de l'Europe (Pays-Bas, Finlande, Danemark, Suède) que dans les pays du pourtour méditerranéen (Espagne, Italie, Grèce, Malte, Chypre, Portugal). Par exemple, le nombre de travailleurs qui ont répondu avoir été victimes de harcèlement au travail va de 2 % en Italie à 17 % en Finlande . Les secteurs les plus touchés sont ceux de l'enseignement, de la santé et de la restauration et hôtellerie. Le problème est plus présent dans les organisations de grande taille (plus de 250 travailleurs) que dans les PME. Ceux qui sont exposés aux risques psychosociaux sont beaucoup plus souvent absents du travail pour des raisons de santé que la moyenne.
Le rapport complet de la quatrième enquête européenne sur les conditions de travail sera rendu public en février 2007.
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