La société Eternit va débloquer 1,25 million de francs suisses (800.000 euros) pour alimenter la fondation "Stiftung Eternit-Werke Schweiz". Cet organisme, créé le 14 septembre, propose des allocations à des victimes de l'amiante liées aux usines suisses de Payerne et de Niederurnen. "Cette aide s'adresse à des personnes malades ou à leurs familles qui sont en difficulté financière", a précisé Anders Holte, directeur d'Eternit, venu présenter la fondation hier matin à Payerne. Cette dernière, basée à Niederurnen, décidera elle-même des conditions d'attribution de ces rentes. Les "critères exacts restent à définir", signale M. Holte, qui en assumera la présidence.
Il existe toutefois une condition sine qua non pour que la fondation entre en matière : un lien direct entre la maladie et l'amiante. Seuls les cas reconnus par la SUVA (Caisse nationale suisse d'assurance en cas d'accident) seront pris en compte. "Nous ne paierons rien si la SUVA a dit non", prévient Anders Holte. La SUVA a reconnu à l'heure actuelle 70 cas de maladie (mésothéliome ou cancer du poumon) directement liés à Eternit, dont trois seulement à Payerne. Toutefois ce nombre pourrait augmenter à l'avenir. "Le temps entre l'exposition à l'amiante et l'apparition peut aller jusqu'à 40 ans", reconnaît la fondation.
Le fonds d'aide est ouvert aux anciens employés suisses, étrangers, à leurs familles ou survivants. "Nous pourrions également verser des allocations à des personnes qui n'ont jamais travaillé chez Eternit, assure Anders Holte, pour autant que leur maladie présente un rapport objectif avec les sites de Niederurnen ou de Payerne."
L'annonce de cette fondation fait bondir le Caova (Comité d'aide et d'orientation aux victimes de l'amiante). "C'est scandaleux, inadmissible», tonne son fondateur, François Iselin. Selon lui, «Eternit transforme le droit des victimes en geste d'aumône à bien plaire." Selon le Caova - dont les estimations de victimes sont très nettement supérieures aux chiffres admis par la SUVA - le geste d'Eternit "n'est pas crédible au vu des demandes de réparations et des procès à venir". De plus, "l'entreprise aurait pu aider les victimes bien avant", estime François Iselin.
Source : 24 heures
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