De 3.100 à 7.000 personnes venues de toute la France ont défilé de la tour Montparnasse qui "contient de l'amiante un peu partout", à la place de Fontenoy, à proximité du ministère de la Santé. Les victimes réclament, à l'instar de l'affaire du sang contaminé, un grand "procès pénal de l'amiante" et "une amélioration des barèmes d'indemnisation". Les manifestants ont lâché lors d'une minute de silence des ballons blancs symbolisant les ouvriers décédés après avoir travaillé au contact de l'amiante.
L'industrie a massivement utilisé l'amiante avant son interdiction en 1996. Ce n'est que depuis 2002 que ce matériau n'est plus utilisé dans la fabrication de tout produit industriel.
L'amiante provoque 3.000 décès par an et selon les prévisions les plus pessimistes de santé publique, il pourrait faire jusqu'à 100.000 morts d'ici 2025.
En tête, défilaient en silence une vingtaine de "veuves de Dunkerque", qui n'ont pas obtenu d'indemnisation après le décès de leurs époux, victimes de l'amiante, et qui pendant deux ans ont manifesté chaque mois devant le tribunal de Dunkerque. Chacune d'entre elles portait le portrait de son mari.
"L'amiante abrège nos vies", "les empoisonneurs doivent être jugés", "les préretraites: un droit pas un privilège" proclamaient les petites pancartes rouges et blanches de l'Andeva portées par de nombreux manifestants. De nombreux salariés et d'anciens salariés d'entreprises ayant traité de l'amiante en grande quantité, comme Clemessy et Schindler, participaient à la manifestation, aux côtés de militants CGT, CFDT et CFTC.
Plusieurs dizaines d'enquêtes judiciaires sont en cours, regroupés dans les tribunaux de Marseille et Paris, mais les responsabilités sont difficiles à établir.
Aujourd'hui l'amiante, demain d'autres produits ?
L'Andeva réclame "une révision de la Loi Fauchon" sur les délits non-intentionnels, votée en juillet 2000 et dont l'objectif était, selon elle, "d'amnistier les responsables dans les affaires mettant en jeu la santé et la sécurité des citoyens".
Elle réclame "un procès pénal, pédagogique, pour que toutes les défaillances soient mises à plat et qu'on reconstruise un système de veille sanitaire performant au travail, afin que tous ces gens ne soient pas morts pour rien", selon l'avocat de l'association, Me Michel Ledoux.
"Un procès civil, c'est pour des indemnisations individuelles, un procès pénal permet de rechercher les causes. Aujourd'hui c'est l'amiante, demain ce sera les pesticides, les fibres céramiques, les produits sanitaires", a-t-il ajouté.
Des désamiantages à risques
Michel Périgot, le vice-président de l'Andeva, a également fustigé "les infractions commises sur les deux tiers des chantiers de désamiantage et le manque de volonté politique en la matière".
Deux retraités de la maintenance pour les ascenseurs Schindler, longtemps exposés à l'amiante dans les faux plafonds et les combles, expliquaient être venus "pour réclamer davantage de prévention".
Pour sa part, une pancarte tenue par une manifestante en pleurs, lors de la minute de silence indiquait: "Mon mari est décédé du mésothéliome à 44 ans".
Source : France 2
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