La Commission européenne présentera dans les prochains mois sa nouvelle stratégie en santé et sécurité au travail pour la période 2007-2012. Les syndicats européens ont souhaité apporter leur contribution au débat. Dans le cadre des travaux du "groupe travailleurs" du Comité consultatif pour la sécurité et la santé sur le lieu de travail, ils ont contribué à la rédaction d'un texte détaillant leurs attentes vis-à-vis de la future stratégie communautaire. Ce texte vient d'être publié par l'ETUI-REHS.
Dans cette brochure de 54 pages, les syndicats s'opposent à toute "pause législative". Ils craignent, en effet, que les propositions de la Commission pour une "simplification législative" ou une "meilleure réglementation" favorisent en fait le détricotage de l'acquis communautaire en santé et sécurité au travail. Les syndicats ne peuvent accepter que de mauvaises recettes, supposées réconcilier les citoyens avec les institutions de l'UE, mettent à mal des directives qui accordent à tous les travailleurs européens des droits historiques qui permettent de mieux protéger leur santé et leur sécurité. Après avoir passé en revue les insuffisances de la stratégie suivie entre 2002 et 2006, les syndicats préconisent une stratégie nouvelle axée sur des initiatives concrètes et un calendrier précis.
Deux risques majeurs devraient figurer au centre de l'agenda communautaire : les troubles musculo-squelettiques (TMS), principale cause de maladies liées à une organisation du travail sous fortes contraintes, et les produits chimiques, cause importante de troubles de la santé dus au travail, pour lesquels le cadre réglementaire est en cours de révision profonde.
Les syndicats souhaitent qu'une directive soit enfin adoptée pour répondre à l'explosion, au cours de la dernière décennie, des TMS qui touchent plus d'un travailleur européen sur trois. En ce qui concerne les produits chimiques, ils se réjouissent de l'adoption prochaine de REACH et insistent sur la nécessité d'accompagner le texte d'instruments permettant d'informer directement les travailleurs et de favoriser la remontée d'expériences depuis le terrain. Les organisations de travailleurs espèrent également que le champ d'application de la directive sur les agents cancérogènes, en cours de révision, soit étendu aux agents mutagènes et toxiques pour la reproduction.
Un autre élément essentiel des revendications syndicales est le droit à la représentation collective en santé et sécurité de tous les travailleurs. Beaucoup de travailleurs en sont actuellement exclus, en particulier les travailleurs intérimaires et ceux qui sont employés dans les PME.
Les syndicats insistent enfin sur les mesures à prendre afin de relever les défis considérables posés par l'élargissement de l'UE. Ils estiment que la Commission doit encourager le développement d'une véritable démocratie sociale au sein des entreprises de ces pays, dans lesquels la tradition du dialogue social est peu enracinée. Il s'agit d'un préalable indispensable si l'on veut réduire le fossé qui sépare ancien et nouveaux Etats membres en termes de conditions de travail et éviter ainsi de favoriser un "dumping social" à l'échelle des Vingt-Cinq.
Dans sa deuxième partie, la publication dresse une synthèse des enquêtes réalisées dans l'UE sur les conditions de travail et leur impact sur la santé.
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