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Les jeunes, laboratoire de la flexibilité du travail

On le savait, il ne fait pas bon d'être jeune et de chercher un emploi en France. Une nouvelle étude publiée vendredi matin par l'Insee le confirme à nouveau et, plus grave, fait état d'une dégradation continue des conditions d'entrée des moins de 25 ans dans la vie active au cours des vingt dernières années, le tout dans un contexte de flexibilisation accrue de l'emploi.

Depuis le début des années 1980, le monde du travail français est marqué par la multiplication des contrats temporaires ou "atypiques" (intérim, CDD, contrats aidés…), souligne Pauline Givord, auteure de l'étude publiée dans la revue Economie et Statistique. Résultat, près d'un million de salariés travaillaient en CDD en mars 2001, contre seulement 320.000 en mars 1982, tandis que le nombre d'intérimaires a quasiment doublé entre le début et la fin des années 1980. Au total, plus de 2,5 millions de personnes travaillaient en contrat temporaire ou aidé en mars 2002.

L'étude l'illustre à foison, ce sont les jeunes actifs qui sont principalement concernés par l'extension de ces contrats courts. Ils concernent un "débutant" sur trois et sont "souvent un passage obligé pour l'entrée dans la vie active", indique-t elle. "A caractéristiques individuelles et conjoncturelles identiques", les conditions d'entrée dans la vie active sont ainsi "plus difficiles à la fin des années 1990 qu'au début des années 1980", estime l'auteure.

Pour autant, l'entrée dans la vie active ne rime pas toujours avec précarité. Pour les débutants qui ont la chance de décrocher un CDI, la stabilité est très forte : près de 9 personnes sur 10 en CDI dans le secteur privé en 2001 l'étaient encore en 2002. En outre, parmi les personnes employées sous CDD en 2001, près de la moitié ont trouvé un emploi sous CDI en 2002, indique l'étude, qui estime que certains employeurs utilisent le CDD comme un "moyen de sélection avant une embauche définitive". C'est, en revanche, beaucoup moins le cas pour les bénéficiaires de contrats aidés (ou stagiaires) puisque dans ce dernier cas le passage en CDI ne se produit que dans un cas sur six et dans un cas sur quatre pour les intérimaires.

Autre enseignement de l'étude et contrairement à une idée reçue, les apprentis sont peu nombreux à accéder à un emploi stable un an plus tard : moins d'un apprenti sur six en 2001 occupait un CDI en 2002. En terme de changement d'entreprise, la mobilité des jeunes en début de carrière "apparaît très relative", même pour les personnes embauchées sous contrat temporaire : près de 70% des actifs occupés et près de 50% de ceux embauchés en "contrat atypique" restent dans la même entreprise d'une année sur l'autre.

Enfin, un diplôme élevé reste un "atout indéniable pour obtenir un emploi stable", observe l'auteure, selon qui plus des deux tiers des débutants diplômés du supérieur sont en CDI en 2002, contre seulement un quart des débutants sans diplôme. Graal pour l'accès au CDI, le diplôme est également une protection contre le chômage puisque, si 43% des débutants sans diplôme sont au chômage en 2002, c'est le cas de seulement 10% des diplômés de l'enseignement supérieur. Et même lorsqu'un jeune sans diplôme a réussi à décrocher la timbale et trouver un emploi, l'étude montre qu'il lui est de plus en plus difficile de le conserver. La preuve que même avec une expérience professionnelle, l'absence de diplômes reste très handicapante pour poursuivre son chemin dans la vie professionnelle.

Source: Libération, le 9 juin 2006

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Dernière mise à jour : 10/11/2008
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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