Les travailleuses qui ont des horaires irréguliers ou doivent se tenir debout courent plus de risques d'avoir un bébé de faible poids, selon une vaste étude de l'Université Laval.
Mais le risque s'estompe si la future mère arrête de travailler ou si elle est mutée rapidement à un autre emploi. «C'est une étude qui montre l'efficacité du retrait préventif», affirme la Dre Chantal Brisson, de l'hôpital Saint-Sacrement à Québec, une des trois auteures de l'étude publiée dans le dernier numéro de l'American Journal of Public Health.
La recherche pourrait avoir un impact sur les conditions de travail de milliers de personnes. Récemment, des caissières de supermarché réclamaient le droit de s'asseoir sur un tabouret.
L'enjeu pour la santé des enfants est important. Les bébés dont le poids est trop faible ont tendance à avoir des retards de développement et leur taux de mortalité est plus élevé. Pour les fins de l'étude, les enfants étaient considérés de faible poids s'ils se trouvaient parmi les 10 % plus petits, compte tenu de leur sexe et de la durée de la gestation.
«On sait que le faible poids à la naissance est associé à toutes sortes de complications, dit la Dre Brisson. Bien sûr, il y a des remèdes, mais ils coûtent cher et ça implique du stress et du désagrément dans les familles.»
À lui seul, le fait d'avoir un horaire irrégulier pendant toute la grossesse fait augmenter de 30 % le risque de mettre au monde un enfant de faible poids.
Mais le risque est encore plus grand si plusieurs facteurs sont présents. En plus des horaires irréguliers, les chercheurs en ont identifié cinq: le fait de travailler debout pendant quatre heures ou plus, de lever des charges de 7 kg ou plus, le travail de nuit, le bruit et la pression psychologique combinée à un faible soutien.
Si quatre de ces facteurs sont présents tout le long de la grossesse, le risque de mettre au monde un enfant de faible poids est 2,3 fois plus élevé. Par comparaison, le risque est trois fois plus élevé pour une femme qui fume tout au long de sa grossesse.
La solution est très simple, selon l'étude: les femmes qui étaient exposées à un facteur de risque au début de leur grossesse, mais qui ont pu s'y soustraire avant la 24e semaine, ne couraient pas plus de risque que la moyenne.
Cela vient confirmer la pertinence du retrait préventif, un programme unique au Canada. Il est accordé par la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) sur recommandation d'un médecin traitant et d'un spécialiste de santé au travail. Selon la CSST, de plus en plus de femmes en bénéficient chaque année. En 2003, ce programme a coûté 149 millions.
L'étude réalisée par la Dre Brisson et deux de ses collègues, les Dres Agathe Croteau et Sylvie Marcoux, a porté sur un échantillon de départ de près de 44 000 naissances survenues au Québec entre 1997 et 1999. Les chercheurs ont ensuite composé deux groupes, soit 1536 naissances de faible poids et 4441 naissances de poids normal. Les mères des deux groupes ont répondu à un questionnaire par téléphone. Leurs coordonnées avaient été communiquées aux chercheurs grâce à l'autorisation de la Commission d'accès à l'information.
Source: La Commission de la santé et de la sécurité du travail (Québec)
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