Selon une étude d’Andrew Heisz et Sébastien LaRochelle, publiée par Statistique Canada, l’instabilité de l’horaire de travail est une caractéristique importante des conditions de travail.
Le modèle traditionnel selon lequel les travailleurs ont les mêmes heures année après année ne s'applique qu'à une proportion relativement faible de travailleurs. Seulement 20 % des hommes et 15 % des femmes ont eu exactement les mêmes heures de travail chaque année entre 1997 et 2001.
Les heures de travail annuelles des autres femmes et des autres hommes étaient relativement instables. Dans certains cas, cette instabilité était assez importante. L'étude définit un travailleur comme ayant des heures de travail très instables s'il a fait plus de 2 400 heures pendant au moins une année entre 1997 et 2001 et moins de 1 750 heures pendant au moins une autre année.
Environ 1 travailleur sur 12, soit 7,8 %, avait des heures de travail très instables. Une analyse de la moyenne des heures travaillées sur cinq ans pour ces travailleurs a démontré que la plupart d'entre eux ont réussi à obtenir l'équivalent de cinq années «normales» de travail en compensant les périodes d'heures écourtées par des périodes de longues heures.
Les personnes ayant des heures de travail instables se retrouvent plus fréquemment dans des emplois de moindre qualité. Par exemple, 9,2 % des travailleurs n'ayant pas de régime de retraite et 9,7 % des travailleurs des petites entreprises avaient des heures de travail très instables.
Les travailleurs ayant des heures de travail instables ont éprouvé davantage de stress et ont déclaré être en moins bonne santé que ceux qui avaient des heures de travail plus stables. L'étude révèle que 51 % des travailleurs appartenant au groupe ayant des heures de travail très instables ont déclaré avoir un niveau élevé de stress. Ce taux était de 38 % chez les personnes qui avaient eu des heures de travail normales chaque année.
Par ailleurs, 20 % des travailleurs qui avaient des heures instables ont indiqué être en plus ou moins bonne santé ou en mauvaise santé, comparativement à 16 % des travailleurs ayant toujours eu des heures de travail normales.
Ces différences sont également présentes chez les travailleurs qui n'étaient pas stressés et qui étaient en bonne santé au début de la période. Ces résultats laissent ainsi croire que les heures de travail variables sont liées à une augmentation du niveau de stress et à un mauvais état de santé. Ces résultats subsistent même en tenant compte des caractéristiques individuelles des travailleurs.
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