Entre 356 et 749 millions d’euros. C’est ce que coûterait la sous-déclaration des Accidents de travail et des maladies professionnelles (AT-MP) en France. Viennent en premier les cancers (212 à 553 millions d’euros), suivis des affections périarticulaires (96 à 102 millions d’euros), des accidents du travail avec arrêt (42 millions d’euros) ou sans arrêt (4 millions d’euros) et de l’asthme (2 à 48 millions d’euros). Connu depuis plusieurs années, ce phénomène de sous-déclaration perdure malgré les politiques mises en place.
En cause: «des facteurs tenant aux maladies et aux médecins et la rigidité du dispositif actuel de reconnaissance des maladies», résume Noël Diricq, l'auteur du rapport de la Cour des comptes sur le coût réel pour la branche maladie de la sous-déclaration AT-MP.
La victime, à qui incombe de déclarer sa MP, peut craindre de perdre son emploi ou de rencontrer des difficultés. Une crainte qui s’avère justifiée, «une enquête du professeur Ameille faisant apparaître que 60% des salariés victimes d'un asthme professionnel se retrouvent sans emploi». Quant au médecin qui constate la maladie, c’est le plus souvent un généraliste qui n’est pas formé à rechercher les pathologies professionnelles et qui ne connaît pas la réglementation en vigueur. D’une manière générale, «l’ensemble des connaissances permettant d’évaluer la sous-déclaration reste à ce jour lacunaire […] la connaissance des effets pathologiques des modes de travail manque à la fois de l’étendue et de la précision qui la rendraient vraiment opératoire dans la protection de la santé publique.» Pour les AT, leur sous-déclaration apparaît encore plus difficile à appréhender.
Source: Le Journal de l'Environnement
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