C’est ce qui ressort d’une analyse menée par l’association française Antidote Europe, fondée par des chercheurs du CNRS (Centre national de la recherche scientifique). Communiqué le 12 janvier dernier, ce chiffre d’un million de décès est le fruit d’une extrapolation de statistiques françaises, publiées par l'Institut National d'Etudes Démographiques (INED).
En France, en 2004, « 150 000 personnes sont mortes des suites d’un cancer, mais seuls 5 à 10% d’entre elles présentaient une prédisposition génétique », explique Hélène Sarraseca, co-fondatrice et directrice exécutive d’Antidote Europe. « Depuis les années 1960, alors que ces produits ont été massivement mis sur le marché, la courbe des décès par cancer a pris l'allure d'une exponentielle. Toujours d'après les statistiques officielles, près de 20 000 personnes (supplémentaires n.d.l.r.) sont décédées suite aux effets secondaires de médicaments [et donc de produits chimiques n.d.l.r.], le chiffre réel étant sans doute entre 2 et 3 fois plus important puisque ces statistiques ne recensent que les cas aigus déclarés. 30 000 Français sont en outre décédés en raison de la pollution de l'air dans les villes. » poursuit-elle avant de conclure : « La situation est similaire dans d’autres pays de l’Union, notamment en Allemagne et au Royaume-Uni. ». En extrapolant ces résultats à l’Europe des vingt-cinq (470 millions d’habitants), on passe à un million de morts par an.
Pour justifier de pareils ordres de grandeur, Antidote Europe évoque le manque de fiabilité des tests réalisés en grande partie sur des animaux. « Aucune espèce animale n’est un modèle pour une autre », souligne Hélène Sarraseca avant d’ajouter : « Tester les substances chimiques sur les animaux n’est pas une attitude scientifique, car les toxicologues peuvent très facilement orienter l’évaluation en fonction de l’animal choisi pour le test ».
Antidote Europe plaide pour la « toxicogénomique ».. Inspirée par une méthode américaine, présentée dans la revue scientifique internationale Biogenic Amines en 2003, celle–ci consiste à utiliser les puces à ADN humain. Mais elle limiterait le nombre de gênes nécessaires sur les puces, garantissant ainsi « pertinence, gain de temps et d'argent ».
Un débat au goût du jour puisque le futur règlement REACH (Registration, Evaluation and Autorisation of Chemicals) ne prévoit que l’analyse de 12 000 substances chimiques sur les 100 000 prévues au départ. « Est-il acceptable de continuer à produire et à utiliser plus de 88 000 substances dont on ignore les effets toxiques ? » conclut Antidote Europe.
|