12/12/2005.
La croissance globale de l’économie a de plus en plus de mal à se traduire par de nouveaux emplois de bonne qualité qui réduiraient la pauvreté, selon un rapport publié le 9 décembre par le Bureau international du Travail (BIT). Dans ce rapport, le BIT met en exergue le fait que, dans le cadre de cette tendance globale, différentes régions montrent des résultats mitigés en termes de création d’emplois, de productivité, d’augmentation de salaires et de réduction de la pauvreté.
Embrassant un point de vue global, la 4e édition des Indicateurs clés du Marché du Travail affirme qu’à l’heure actuelle la moitié des travailleurs dans le monde ne gagnent toujours pas assez pour se hisser, eux et leur famille, au-dessus du seuil de pauvreté de 2 dollars par jour.
«Le message clé est qu’offrir de meilleurs emplois et de meilleurs revenus aux travailleurs dans le monde n’a jamais été une priorité politique, déclare Juan Somavia, Directeur général du BIT. La mondialisation n’a pas conduit jusqu’ici à la création d’offres d’emplois décents, durables et en nombre suffisant. Cela doit changer et, comme de nombreux responsables l’ont déjà dit, nous devons faire de l’emploi décent un objectif central de toutes nos politiques économiques et sociales. Ce rapport peut être un outil précieux pour promouvoir cet objectif.»
L’étude montre que si, dans certaines zones d’Asie, l’expansion économique forge une croissance solide des emplois et une amélioration des conditions de vie, d’autres régions telles que l’Afrique ou certaines zones d’Amérique latine voient de plus en plus de personnes travailler dans des conditions dégradées, en particulier dans le secteur agricole.
Le rapport souligne que dans de nombreuses économies en développement le problème est essentiellement lié au manque de possibilités de travail décent et productif plutôt qu’à du chômage pur et simple. Hommes et femmes travaillent dur et longtemps pour pas grand chose, leur seule alternative étant de n’avoir pas de revenu du tout.
Le lien entre croissance économique et croissance de l’emploi s’est affaibli récemment, ce qui signifie que la croissance économique ne se traduit pas nécessairement par la création de nouveaux emplois. L’étude démontre que pour chaque point de pourcentage de croissance du PIB supplémentaire, l’emploi global n'a progressé que de 0,30 point de pourcentage entre 1999 et 2003, soit une baisse de 0,38 point de pourcentage par rapport à la période 1995-1999.
Avec un niveau d’emploi qui augmente de 0,5 à 0,9 pour cent pour chaque point de croissance supplémentaire, c’est au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne que la croissance a la plus haute intensité de main-d’œuvre. Si l’on passe en revue d’autres indicateurs néanmoins, on s’aperçoit qu’une bonne part de cette croissance concerne dans ces régions les personnes qui sont à leur compte, pour la plupart des femmes et des hommes de l’économie informelle où les conditions de travail sont souvent misérables. Alors que davantage d’emplois sont effectivement créés dans des économies dominées par l’agriculture comme en Afrique subsaharienne, nombreux sont les emplois qui se trouvent dans l’économie informelle, avec des taux de productivité faibles et n’offrant pas suffisamment de revenus aux travailleurs pour les extraire, eux et leur famille, de la pauvreté. Par exemple, le nombre de travailleurs vivant avec moins d’un dollar par jour a augmenté de 28 millions en Afrique subsaharienne entre 1994 et 2004.
Le rapport montre qu’entre 1990 et 2000 les salaires ont globalement augmenté plus vite dans les professions hautement qualifiées que dans les postes sans qualification. Bien que ces résultats ne correspondent pas à une détérioration générale de la situation salariale des travailleurs non qualifiés, ils évoquent un élargissement des disparités de salaires entre travailleurs hautement qualifiés et travailleurs non qualifiés au cours des années 90.
La hausse des inégalités salariales dans les économies en développement a été principalement attribuée à une plus forte demande de travail qualifié - qui n’est pas disponible en quantité suffisante - et à une moindre demande de travailleurs ayant un bas niveau d’éducation.
En Europe centrale et orientale, la transition vers une économie de marché a conduit à une hausse de productivité mais à une baisse de l’emploi. Les nouveaux Etats membres de l’Union européenne font montre d’un avantage comparatif significatif en termes de compétitivité internationale avec des niveaux de coût de travail par unité d’environ 70 pour cent de ceux des Etats-Unis. Cependant, le renforcement de la compétitivité ne bénéficie pas à la population en termes de créations d’emplois et de salaires. La région compte parmi les plus hauts taux de chômage dans le monde et, parmi les personnes qui sont sans emploi, beaucoup ont même arrêté de chercher un travail, comme le montrent les taux élevés d’inactivité de la région.
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Le communiqué de presse
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Le rapport (en anglais)
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