De plus en plus confrontées à la nécessité d’assurer une production socialement correcte des biens qu’elles achètent à des sous-traitants essentiellement asiatiques, les entreprises occidentales s’assurent du respect des conditions fixées en faisant réaliser des audits sociaux. La Campagne Vêtements propres dénonce la qualité de ces audits qu’elle qualifie « d’incomplets, superficiels et bâclés ».
« Le superviseur de la firme est présent lors des interviews. Ce qui nous permet de savoir quels ouvriers seront interviewés et ce qui leur sera demandé. Nous organisons alors des réunions avec ceux-ci pour les entraîner avant l’audit. Nous leur donnons les questions qui pourraient leur être posées et nous leur expliquons les réponses qu’ils sont invités à donner » explique un manager d’une usine du nord de l’Inde.
Ce témoignage comme des dizaines d’autres vient illustrer l’étude menée par la Campagne Vêtements propres réalisée au sein de huit pays comptant parmi les principaux fournisseurs de vêtements vendus en Europe : le Bangladesh, la Chine, le Kenya, l’Inde, l’Indonésie, le Maroc, le Pakistan et la Roumanie. Une étude qui rassemble les témoignages de 670 travailleurs, issus de 40 usines.
« A chaque fois que les auditeurs sociaux visitent cette usine, on nous donne congé », raconte un travailleur indien. « Lorsque l’usine est nettoyée et que les ouvrières reçoivent un dé à coudre, c’est le signe que les auditeurs sociaux vont débarquer dans l’usine », renchérit un autre. « Les auditeurs sont toujours pressés ; ils se contentent souvent d’observer les travailleurs qui ne sont jamais invités à participer au processus… », s’indigne un travailleur dans une usine au Kenya qui produit pour le géant mondial de la distribution Wal-Mart (USA).
La litanie est longue et n’étonne plus depuis la diffusion du reportage sur les audits menés par Nokia en Chine et qui illustrait bien la difficulté de ces derniers. La Campagne Vêtements propres pointe du doigt « le manque de compétence et d’expérience des auditeurs en matière sociale » et le peu de temps consacré aux audits qui doivent être réalisés en quelques heures, « rentabilité oblige ».
Si tout le secteur des audits sociaux n’est pas à mettre dans le même panier, le problème des auditeurs et des audits n’est pas nouveau. Certains grands noms de l’audit sont même sur la sellette. Carole Crabbé, coordinatrice de la Campagne Vêtements propres en Belgique, fustige la société SGS, le leader mondial dans les domaines de l’inspection et de la certification industrielles, qui selon ses informations avait audité l’usine Spectrum Sweater Sharhiyar juste avant son effondrement en avril 2005 au Bangladesh.
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