7/11/2005.
Un rapport Centre d'Etudes de l'Emploi, rédigé par Anne-Françoise Molinié, présente un ensemble de fiches sectorielles, réalisées à partir de l’enquête Santé et Vie professionnelle après 50 ans (SVP 50). Il vise à fournir des informations dans trois domaines principaux : quelques données rétrospectives sur les parcours professionnels et le travail passé des salariés qui ont aujourd’hui atteint la cinquantaine, des évaluations de la "pénibilité vécue", notamment à travers les appréciations que les salariés portent sur leur travail, son "sens", et leurs aspirations en matière d’âge de départ en retraite, enfin des éléments sur les enjeux de santé au travail des quinquagénaires.
A retenir : certaines contraintes de travail sont clairement identifiées comme pouvant avoir des effets durables et à long terme sur la santé. C’est le cas du travail physiquement exigeant et du travail en horaires décalés. La part des salariés ayant été exposés longuement (plus de vingt ans) à ces contraintes au cours de leur vie de travail varie beaucoup selon les secteurs (plus de la moitié des salariés quinquagénaires de la construction).
Mais les conditions et l’organisation du travail peuvent aussi favoriser ou au contraire entraver la mise en œuvre de stratégies de travail importantes pour les salariés âgés. Il s’agit par exemple d’anticiper des difficultés éventuelles, des situations d’urgence qu’ils souhaitent éviter. À cet égard, la pression temporelle et l’absence de latitude pour choisir sa façon de procéder peuvent s’avérer difficilement conciliables avec une bonne régulation du vieillissement. De ce point de vue, des secteurs aussi divers que les activités financières ou les industries agricoles et alimentaires sont caractérisés par de fortes proportions de quinquagénaires travaillant sous pression et de ceux estimant ne pas avoir le choix de la façon de procéder. Dans un autre ordre d'idées, le pourcentage de réponses négatives sur le sentiment que son travail est utile s'étage de 5 % dans le secteur de la santé et action sociale à 23 % dans les industries agroalimentaires.
On retrouve de gros écarts aussi dans le domaine de la santé : 32 % des salariés quinquagénaires de la métallurgie jugent que leur vie de travail a eu un effet négatif sur leur santé, contre 13 % dans les administrations publiques. Face au phénomène des salariés de plus de 50 ans "usés", quels que soient les facteurs professionnels ou extra professionnels à l’origine de cette situation, les dispositifs collectifs de sortie anticipée, qu’ils soient formellement ou non liés à la santé, peuvent, selon les auteurs de l'enquête, constituer une voie de sortie pour des salariés âgés usés ou dont la santé serait très déficiente.
Pour conclure, l'enquête estime qu'au regard des positions relatives des différents secteurs, "l'ampleur des difficultés à prévoir pour chacun d'eux, et par conséquent les voies d'actions à envisager ne seront pas les mêmes".
Cette enquête vient à point nommé pour alimenter la réflexion des organisations patronales et syndicales sociaux dans la difficile négociation sur la "l'amélioration des conditions de travail et la réduction de la pénibilité au travail". Le 2 novembre 2005, lors de leur cinquième rencontre sur la pénibilité, ces organisations se sont mises d'accord sur la mise en place d'un groupe de travail paritaire, intitulé "pénibilité et réparation : faisabilité et financement dédié" chargé de dresser le bilan des dispositifs existants au regard de la pénibilité et de dégager des pistes de réflexion pour la prochaine séance de négociation du 6 décembre 2005.
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