Dans une étude parue dans la revue scientifique Arthrisis Research and Therapy, des chercheurs suédois montrent que l'exposition professionnelle aux huiles minérales augmente le risque de souffrir d'arthrite rhumatoïde.
On sait depuis plusieurs années que le tabac et la silice augmentent le risque d'arthrite rhumatoïde (AR). Une étude épidémiologique suédoise menée sur 1.419 personnes soufrant de cette maladie vient de pointer le doigt une autre origine: les huiles minérale sont associée à une augmentation du risque relatif de 30% de développer de l'AR. «Le risque n'a été détecté qu'après une exposition professionnelle longue et importante, souligne Lars Alfredsson, l'un des auteurs de l'étude de l'Institut Karolinska, de Stockolm (Suède). D'ailleurs, nous pensons que le risque est très faible lors d'exposition de courte durée.» Cette maladie auto-immune affecte les articulations qui enflent, rougissent, se raidissent, signes d'inflammation. Ce sont les résultats des hommes, dont les métiers exercés impliquent une exposition professionnelle, qui ont été analysés. En effet, sur les 407 hommes souffrant d'AR, 135 connaissent une exposition professionnelle aux huiles minérales, principalement des huiles de moteur (84 cas) et/ou des huiles hydrauliques (83 cas). Il s'agit le plus fréquemment de mécaniciens automobiles, de conducteurs de poids-lourds et d'agriculteurs. Dans le cas des femmes, seules 21 femmes sont confrontées à une exposition professionnelle sur les 1.012 interrogées.
Menée par l'unité de rhumatologie de l'institut Karolinska, l'étude a consisté à collecter un questionnaire donné aux personnes à qui l'on vient de diagnostiquer une AR. Le taux de participation a atteint 96% pour les malades (1.419 cas) et 82% pour la population témoin (1.674 cas). Le questionnaire a compris des questions sur le style de vie, l'exposition professionnelle, la santé, les facteurs socio-économiques, et des données démographiques. L'objectif des chercheurs suédois de vérifier le lien entre exposition aux huiles minérales et AR a été confirmé. D'autre part, les analyses ont montré que ce facteur environnemental n'est probablement pas lié au facteur de risque génétique le plus connu dans le cas d'AR. C'est-à-dire que la hausse du risque des personnes exposées à des huiles minérales n'est pas liée à la présence du facteur de risque génétique appelé «shared epitope genotype». «Nous n'avons pas trouvé d'interaction entre ce risque génétique spécifique et les huiles minérales, confirme Lars Alfredsson. Par conséquent, il y a probablement d'autres génotypes qui interagissent avec ces produits.»
Les chercheurs concluent à l'importance de disposer d'études complémentaires, notamment sur les autres risques environnementaux, comme des agents microbiens, les vaccinations, les événements stressants, et leurs interactions avec les facteurs génétiques. En effet, l'étude exclue les femmes qui sont deux à trois fois plus à souffrir d'AR.
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