Chaque année, 2,2 millions de personnes meurent du fait d'accidents ou de maladies liés au travail, rapporte le Bureau international du Travail (BIT) dans une étude rendue publique ce lundi dans le cadre du Congrès mondial sur la sécurité et la santé au travail. Le BIT ajoute que ce nombre serait largement sous-estimé du fait de la mauvaise collecte des informations dans de nombreux pays.
Même si le nombre de maladies et de décès a quelque peu baissé dans les pays industrialisés, le rapport mentionne que les accidents, notamment les accidents mortels, semblent eux en augmentation. C'est le cas dans quelques pays asiatiques où le phénomène est lié au développement rapide et à la forte pression engendrée par la mondialisation en matière de concurrence.
Le rapport, intitulé Travail décent - Sécurité au travail, souligne que les substances dangereuses causent la mort d'environ 440 000 travailleurs. L'amiante, à elle seule, tue 100 000 travailleurs. Au Royaume-Uni, selon les statistiques nationales, il s'agit de 3 500 personnes chaque année qui perdent la vie à cause de ce matériau - dix fois plus que le nombre de morts accidentelles.
L'Union européenne, dans un rapport statistique récent, estime à 120 000 le nombre d'accidents mortels dans l'UE des 15 causés par une activité professionnelle. Le BIT l'estime à 122 000. Pour les Etats-Unis, l'estimation est de 103 000.
Le BIT constate que les systèmes de collecte des informations et de gestion de la sécurité et la santé dans beaucoup de pays en développement sont peu performants et même se détériorent. L'Inde, par exemple, dénombre 222 accidents mortels et la République tchèque 231, alors que, dans ce dernier, le nombre de travailleurs représente 1 % du nombre de travailleurs indiens. Le BIT estime à 40 000 le nombre réel d'accidents mortels en Inde. Ces statistiques laissent supposer que seule une faible partie du nombre total de décès et de maladies liés au travail est connue et rapportée dans les pays en développement.
Selon le rapport, les hommes présentent un fort taux de risque de décès à l'âge actif (en dessous de 65 ans) alors que les femmes souffrent plus de maladies contagieuses dues au travail, de facteurs psychosociaux et de problèmes squeletto-musculaires de longue durée. Dans plus de la moitié des cas, ceux qui partent à la retraite le font avant l'âge ou avec une pension d'invalidité.
Un autre constat du rapport est que les plus jeunes des travailleurs (15-24 ans) ont tendance à souffrir plus d'accidents non mortels et de maladies que leurs aînés âgés de plus de 55 ans. Alors que les maladies professionnelles sont le principal problème des pays industrialisés, les risques d'accidents prévalent dans les pays en développement, dans les secteurs comme les mines, la construction ou l'agriculture. Ces secteurs sont devenus moins importants dans les pays industrialisés où l'activité s'est développée dans les secteurs plus sûrs comme la banque ou le commerce.
De nouveaux problèmes émergents comme les facteurs psychosociaux, la violence, les effets de l'alcool et les drogues, le stress, la cigarette, et le VIH/Sida aggravent les taux mondiaux de morbidité et de mortalité. Le tabagisme, qui touche la plupart de ceux qui travaillent dans les restaurants, les activités de loisir et les secteurs de service, causerait 14 % du total des décès consécutifs à une maladie, c'est-à-dire 200 000 décès.
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