La Commission multidisciplinaire « Violence, travail, emploi, santé », initiée par le gouvernement français, a remis son rapport en mars 2005. L'étude devrait être utilisée comme document de base pour la rédaction d'un plan national sur la violence et la santé.
Incidence de la violence au travail Selon le rapport, l'usage de la violence comme instrument de pouvoir est rare en France. Néanmoins, la violence peut se manifester de différentes manières dans le cadre des relations sociales et de travail :
-
Le harcèlement moral ou des actes d'intimidation peuvent survenir, en particulier au sein de professions fortement exposées aux risques physiques (construction, etc.). Un tel comportement peut représenter une forme de protection psychologique contre des conditions de travail difficiles, mais peut aussi par la suite pénétrer la sphère privée (avec des conséquences en termes de santé mentale pour les membres de la famille).
-
Les actes de violence aiguë (par ex. sabotage d'installations nucléaires, prise d'otages, suicide), sont analysés dans le rapport comme étant les symptômes de dysfonctionnements graves des relations de travail. La communauté de travail ne fonctionne pas comme un moyen de désamorcer la violence potentielle des travailleurs: ceux qui se considèrent victimes d'injustice sont confrontés à la résignation ou à l' l'indifférence de leurs collègues.
Au cours des dernières années, la source la plus importante de violence contre les travailleurs a été de nature sociale, et a principalement touché les services publics. La liste des professions touchées est en constante augmentation: les employés bancaires, les policiers, les pompiers, les infirmières des hôpitaux, les travailleurs sociaux, les employés des transports publics, les enseignants, etc. La violence est principalement observée dans des zones confrontées à de hauts niveaux de chômage et de pauvreté. Des "rituels" collectifs de violence y sont développés, ciblant les symboles de la société, tels que les services publics et les commerces. Il en résulte que la violence est devenue une réalité quotidienne dans le secteur des services.
Causes sous-jacentes Hormis les facteurs sociaux qui génèrent la violence, la rapport constate l'émergence au cours des dernières années de nouvelles tendances dans les relations sociales et de travail qui entravent la capacité du cadre organisationnel d'empêcher la violence:
- La réduction des équipes, ce qui accroît la charge de travail et tend à rendre le personnel insatisfait ;
- Les fusions, reprises et autres formes de restructuration qui déstabilisent la communauté de travail, provoquant le sentiment d'isolement parmi les employés et une baisse de la capacité des collègues à empêcher la violence ;
- La pression résultant des processus individualisés d'évaluation des performance qui peut conduire à l'exacerbation de la compétitivité entre collègues et à la détérioration des relations de travail, à l'isolement et à la solitude. Certains employés en arrivent à recourir à certaines formes de tromperies afin d'atteindre les objectifs fixés par l'employeur.
Le rapport conclut que ces différentes tendances ont pour résultats le démantèlement des structures de soutien, la diminution de l'esprit de coopération entre collègues et la désagrégation des principes de base de la vie et du travail en commun (le "vivre ensemble"). Le rapport défend l'idée que les relations sociales au travail devraient davantage être prises en considération lors de toute réorganisation du processus de production.
Stratégies de prévention
Le rapport souligne l'importance de la coopération sur le lieu de travail: une coopération qui ne découlerait pas d'une structure hiérarchisée mais d'un dialogue entre travailleurs sur les mesures pratiques en vue d'établir des méthodes de travail. Ce sens du travail en commun repose sur une communication qui bénéficie de la confiance de tous les acteurs, avec la liberté nécessaire et l'espace pour un dialogue ouvert rendu possible par les décisions organisationnelles du management.
|