L’Afrique du Sud a décidé d’interdire la production et toute nouvelle utilisation de l’amiante. Cela a été annoncé le 21 juin 2004 par le Ministre de l’Environnement, M. Marthinus van Schalkwyk. Pour certains produits, une période de transition de 3 à 5 ans est prévue avant leur interdiction totale.
L’Union Nationale des Mineurs (NUM), qui a mené une longue campagne pour l’interdiction de l’amiante, a salué cette décision du gouvernement. Son porte-parole, M. Fred Gona a insisté sur la nécessité d’une transition rapide vers une production sans amiante ainsi que sur l’importance d’un contrôle rigoureux de la nouvelle réglementation. De nombreux membres du NUM sont morts de maladies causées par l’amiante tant dans le secteur minier que dans les industries manufacturières.
Dans la conscience des travailleurs d’Afrique du Sud, la lutte contre l’amiante est inséparable du combat contre l’apartheid et contre le passé colonial. Les mines d’amiante ont été créées avec des capitaux anglais. Une entreprise multinationale comme la société Turner and Newall appliquait systématiquement un double standard. Elle appliquait certaines mesures de prévention dans ses établissements situés en Grande-Bretagne qu’elle rejetait pour ses établissements en Afrique du Sud. Dans une première étape, les mines de Turner et Newall en Afrique appliquait un système de rémunération à la production. Le travail était effectué à la main. Les mineurs étaient souvent assistés par leur femme et leurs enfants. A l’époque de l’apartheid, les médecins du travail des entreprises productrices ou utilisatrices d’amiante faisaient passer les intérêts économiques de leurs employeurs avant toute préoccupation de santé. Lorsqu’il s’agissait de travailleurs noirs, les maladies causées par l’amiante étaient rarement reconnues comme des maladies professionnelles. Souvent, dès qu’ils commençaient à souffrir d’insuffisance pulmonaire, les travailleurs étaient licenciés.
L’interdiction ne suffira malheuruesement pas à résoudre l’énorme problème de la pollution de l’environnement par l’amiante. L’interdiction de l’amiante en Afrique du Sud a été accueillie avec hostilité par le gouverement du Zimbabwe qui cherche à développer les exportations d’amiante. A plusieurs reprises, les organisations syndicales sud-africaines ont cherché à créer une alliance pour l’interdiction de l’amiante dans l’ensemble des pays d’Afrique australe.
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