550.000 tonnes de solvants ont été utilisés en France en 2004, selon une enquête rendue publique le 30 juin par l’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS). Réalisée par le cabinet spécialisé ALCIMED, cette étude dresse pour la première fois une cartographie précise des solvants utilisés dans l’Hexagone.
Le nombre de salariés exposés aux solvants va croissant : entre 1994 et 2003, il est passé de 12,3% à 14,7%, principalement dans l'industrie et la construction (peintures, colles, etc.), indique cette enquête.
44% de ces solvants sont utilisés pour les peintures, vernis et encres, 17% (55.000 tonnes) dans la parfumerie et les cosmétiques, et 13% pour l'agriculture (pesticides).
Appréciés pour leurs pouvoirs diluants, dissolvants et détachants, ils sont incorporés dans des milliers de produits : détergents, colles, peintures, vernis, encres, huiles essentielles, pharmacie.
Certains solvants ont été remplacés ces dernières années par des produits de substitution, du fait de leur impact particulièrement nocif pour l'environnement ou la santé. C'est le cas pour les solvants halogénés qui attaquent la couche d'ozone, ou les éthers et glycol dont la consommation a baissé de 25% en moins de dix ans. Les éthers de glycol "reprotoxiques" (dangereux pour la reproduction) ne sont presque plus utilisés. Ils ne sont toutefois pas interdits.
"On a tendance à focaliser sur certaines substances, qui ne sont pas forcément les plus utilisées ou les plus dangereuses", relève Jérôme Triolet, chef du projet "solvants" à l'INRS.
Plusieurs solvants très toxiques comme le perchloroéthylène (utilisé par les pressings), le trichloroéthylène (cancérigène de niveau 2) ou le dichlorométhane sont encore produits à plusieurs milliers de tonnes.
L'interdiction du dichlorométhane (15.000 tonnes utilisées comme solvants dans les décapants de peinture) est envisagée par le ministère de la Santé. Ce solvant lourd peut être mortel, lorsqu'il s'accumule en milieu très confiné.
Dans ce domaine, comme dans celui des produits chimiques en général, beaucoup reste à faire pour connaître les effets des expositions, surtout à faible dose.
Un premier pas sera franchi l'an prochain avec la publication sur internet par l'INRS d'une base de donnée sur les solvants, Solvex, avec 300.000 données d'exposition recueillies depuis 1987.
L’intégralité des résultats de cette première étude sera publiée dans le n°199 d’Hygiène et Sécurité du Travail, la revue de l’INRS. Source : http://www.lemoniteur-expert.com/depeches/contenu/depeche.asp?dep_id=DA99D5DEA&mode=0
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