21/05/2008
L’introduction de nanotubes de carbone dans l'organisme de souris produirait des symptômes pathologiques comparables à une inhalation de particules d'amiante, ce qui incite à la prudence dans leur utilisation commerciale, selon les chercheurs à l'origine de l'étude.
Ces nanotubes, cylindres creux longs de plusieurs microns ou dizaines de microns pour un diamètre de l'ordre du nanomètre (un milliardième de mètre), sont constitués d'un ou plusieurs feuillets carbonés (graphène) enroulés. Ils sont produits de plus en plus massivement par les industriels, attirés par leurs propriétés de résistance, d'élasticité et de conductivité, malgré les inquiétudes liées à leur ressemblance avec les fibres d'amiante, cancérigènes et interdites en France.
Ken Donaldson (université d'Edimbourg) et ses collègues, dont l'étude paraît mardi sur le site de la revue Nature Nanotechnology, ont étudié les effets sur le mésothélium - revêtement cellulaire des poumons et cavités abdominales sensible à l'exposition à l'amiante - de trois types de structures carbonées : longues fibres de nanotubes, fibres courtes et un échantillon de graphène non fibreux.
Sur ces trois groupes introduits dans les cavités abdominales, seules les fibres longues ont provoqué réponses inflammatoires et lésions qualitativement et quantitativement équivalentes à celles provoquées par l'amiante. L'étude ne permet pas de conclure pour les deux autres.
Il reste à clarifier si un nombre suffisant de particules peut atteindre la zone cible du mésothélium lors d'une inhalation (l'expérience ayant injecté directement les nanotubes chez les souris), et si les réactions sont véritablement les prémisses d'un cancer, le mésothéliome.
«Bien que nous ayons identifié un danger potentiel, nous devons encore démontrer qu'il existe, le cas échéant, un risque pour la santé humaine, explique le Pr Ken Donaldson. Le risque qu'il y a à manipuler des objets contenant des nanotubes semble minimal parce que les fibres sont fortement incrustées dans le matériau. En revanche, nous sommes plus préoccupés par le sort des travailleurs qui fabriquent ces objets.»
Très prisés pour leur robustesse, légèreté et une bonne conductivité électrique, les nanotubes de carbone sont présents dans les pneumatiques et expérimentés par les constructeurs automobiles pour renforcer les pièces de carrosserie.
Source : AFP, Le Figaro
|