13/03/2008
Le ministre français du Travail Xavier Bertrand a annoncé le 12 mars le lancement d'une enquête nationale pour mesurer le stress au travail et identifier les secteurs touchés, soulignant le retard de la France vis-à-vis d'autres pays européens en matière de lutte contre ce mal.
Le ministre a aussi annoncé qu'une "veille épidémiologique" sur les suicides au travail, phénomène fortement médiatisé ces dernières années et récemment illustré par une série de suicides au Technocentre de Renault à Guyancourt (Yvelines), serait lancée en 2009 et confiée à l'Institut national de veille sanitaire (Invs), en liaison avec les services de santé au travail et la Cnam (assurance maladie). Lors d'une conférence de presse, il a également présenté une série de mesures pour lutter contre le stress au travail, s'appuyant sur un rapport commandé à deux experts.
Le ministre préconise la mise en oeuvre de neuf mesures précises, parmi lesquelles un "indicateur global tiré d'une enquête psychosociale évaluant simultanément les conditions sociales de travail et l'état psychologique du sujet", le recensement des "suicides de salariés au travail" et une "autopsie psychologique" de ces actes, ou encore le "lancement d'une campagne publique d'information sur le stress au travail".
Ce rapport est "une première étape, qui marque une prise de conscience et une dynamique d'action", a déclaré le ministre, qui fixe comme objectif que "d'ici deux ou trois ans la France soit au niveau des pays européens qui apportent les meilleures réponses" en matière de lutte contre le stress. Les partenaires sociaux doivent se réunir prochainement pour transposer en droit français un accord-cadre européen sur le stress, signé en 2004, a-t-il rappelé. "Le stress au travail a un coût social et humain, mais aussi économique", a souligné Xavier Bertrand : il est "évalué" par le Bureau international du travail à "3 à 4% du PIB" et un quart des arrêts de travail de 2 à 4 mois sont dus à des problèmes psycho-sociaux.
"Nous allons lancer une grande enquête afin d'identifier les secteurs et les branches où le stress est supérieur à la moyenne", et dans lesquels pourraient ensuite être lancées des "négociations obligatoires" pour le "détecter" et le "prévenir", a proposé le ministre.
L'enquête, dont la conception sera confiée à l'Insee, sera annuelle et basée sur des questionnaires "auto-administrés" croisant les conditions de travail du salarié et son état psychologique. Les premiers résultats seront connus en 2009, a-t-il souligné.
Pour les auteurs du rapport, la mise en place d'un "indicateur global" est un préalable à toute recherche des causes du stress et des actions à mener dans les entreprises, car les risques ne sont pas forcément identiques d'une entreprise à l'autre. "En France, on commence par chercher les causes, avant toute cartographie du problème", ce qui réveille les antagonismes et bloque toute action, a expliqué un des auteurs du rapport.
Car deux visions s'opposent : l'une collective, souvent défendue par les syndicats, qui fait de l'environnement et de l'organisation du travail la cause principale du mal-être des salariés, et l'autre plus individuelle, qui a les faveurs des chefs d'entreprise, et prône une approche plus médicale et psychologique des causes du stress.
Source : AFP
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