10/03/2008
La FIOM, fédération italienne des ouvriers et employés de l'industrie métallurgique, a organisé une vaste enquête sur les conditions de travail. Animée par les délégués syndicaux de milliers d'entreprises, cette enquête montre les attentes importantes des travailleurs. 100.000 d'entre eux ont répondu à un questionnaire complexe de 118 questions. L'échantillon comprend environ 3.000 travailleurs immigrés, 20.000 femmes et 15.000 employés. C'est la plus vaste enquête sur les conditions de travail organisée dans un pays européen.
Les premiers résultats de l'enquête ont été présentés à Turin le 29 février 2008. Ils mettent en évidence une organisation du travail paradoxale: le discours patronal sur la responsabilité et l'autonomie se combine avec des éléments d'autoritarisme et de contrôle disciplinaire que certains croyaient révolus. Par ailleurs, les atteintes à la santé liées à des conditions matérielles dangereuses restent très importantes.
L'enquête met également en évidence les bas salaires. Pour les ouvriers, le salaire moyen net est de 1.170 euros par mois. Le salaire des employés atteint 1.370 euros en moyenne. Les salaires féminins sont sensiblement inférieurs aux salaires masculins. Un tiers des femmes gagne moins de 1.000 euros par mois contre 9% des hommes. Les salaires féminins sont systématiquement plus bas pour un même travail, une même catégorie de qualification ou pour une même ancienneté. On retrouve des inégalités salariales systématiques en ce qui concerne les travailleurs précaires.
La moitié des travailleurs voudraient réduire leur horaire de travail (48 %) tandis que moins de 6 % d'entre eux désirent travailler plus. Un peu plus d'un quart des travailleurs (26 %) travaillent plus de 40 heures par semaine. Ce pourcentage monte à 30 % en ce qui concerne les travailleurs immigrés. Le travail domestique est pris en charge principalement par les femmes. 46 % des ouvrières y consacrent au moins 20 heures par semaine. C'est également le cas de 37 % des employées. Pour les hommes, ce pourcentage n'atteint pas 20 %.
Plus de 16 % des travailleurs travaillent la nuit. Ce pourcentage atteint 23 % des ouvriers en général et près de 30 % des ouvriers immigrés. L'organisation du travail est caractérisée par un travail répétitif et parcellaire. Le travail répétitif diminue en fonction de la qualification. Dans toutes les catégories de qualification, il concerne plus massivement les femmes que les hommes. 76 % des femmes contre 61 % des hommes effectuent un travail répétitif. Les travailleurs précaires sont également plus affectés (73 % contre 63 % pour les travailleurs stables). Le travail monotone reste une réalité dominante. Il affecte plus les femmes (73 %) que les hommes (59 %). Le niveau d'autonomie est faible, particulièrement pour les femmes.
La hiérarchie est composée essentiellement d'hommes. 12 % des ouvrières sont encadrées par une femme, alors que seulement 1,7 % des ouvriers sont encadrés par une femme. L'autoritarisme dans les rapports sociaux au travail se traduit parfois par des discriminations et des intimidations. Même si ces phénomènes ont une ampleur limitée, ils concernent surtout les femmes, les immigrés et les jeunes. 12 % des travailleurs déclarent avoir été l'objet d'intimidations au cours des douze derniers mois. Ce pourcentage atteint 20 % parmi les immigrés. Plus de 11 % des femmes dénoncent des discriminations liées au sexe. Plus de 20 % des immigrés dénoncent des discriminations ethniques ou raciales. Les procédures disciplinaires ont affecté quelque 6 % des travailleurs au cours des douze derniers mois. Pour les travailleurs immigrés, ce pourcentage est doublé (11 %).
Le travail répétitif des membres supérieurs affecte 68 % des ouvriers. Chez les ouvrières les moins qualifiées, ce pourcentage dépasse 90 %. Environ 20 % des travailleurs n'ont pas reçu une information adéquate concernant la santé et la sécurité. Un peu moins de 14 % des travailleurs déclarent qu'il n'y a pas de représentant pour la sécurité dans leur entreprise ou qu'ils ignorent s'il y en a un. Ce pourcentage atteint 36 % dans les entreprises de moins de 15 travailleurs, 25 % parmi les travailleurs précaires. 40 % des travailleurs considèrent que le travail met en danger leur santé. Ce pourcentage passe à 47 % chez les femmes. Les principaux problèmes de santé signalés sont les douleurs du dos, les douleurs musculaires aux épaules et au cou ainsi que les douleurs musculaires des bras et des mains. La fatigue, l'irritabilité, les insomnies témoignent également des atteintes à la santé d'un travail intensif et rigide.
Les inégalités de santé entre ouvriers et employés sont très significatives si l'on considère la durée entière de la vie professionnelle. Parmi les ouvriers, 60 % estiment qu'ils ne pourront pas faire le même travail à l'âge de 60 ans, 20 % l'ignorent, 20 % considèrent qu'ils pourront tenir le coup. Parmi les employés, le pourcentage de ceux qui estiment qu'ils pourront faire le même travail à l'âge de 60 ans atteint 50 %.
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